
Aurélie, handi-voyageuse en PVT en Nouvelle-Zélande
C’est l’histoire d’Aurélie une pétillante bretonne passionnée de voyage et d’aventure qui nous raconte que partir en PVT à l’autre bout du monde en tant qu’ « handi-voyageur » est possible, et que nous sommes très souvent notre propre limite… Aurélie est atteinte de la maladie du Strümpell-Lorrain, également appelée paraplégie spastique héréditaire. Concrètement, cela veut dire qu’Aurélie utilise une canne sur de courtes distances et un fauteuil roulant manuel pour les trajets plus longs.
Un voyage qui lui aura permis de se redécouvrir grâce à ses rencontres et d’établir les bases d’une nouvelle vie qui lui correspond vraiment !
Voici son récit :
Peux-tu te présenter ainsi que ton compagnon de voyage ?
Bonjour ! D’origine bretonne, je suis restée dans mon Finistère natal jusqu’à mes 20 ans. Après mes études de droit dans diverses ville en France, j’ai travaillé pendant deux ans en tant que juriste et j’ai profité de mon salaire pour voyager. Ma révélation s’est faite lors d’un séjour de trois semaines au Japon en avril 2015 : je me suis découverte une vraie passion pour le voyage. De plus, ma vie en France ne me convenait pas et ma soif de voyage était trop grande, j’ai donc proposé à Franck de partir en PVT, il a aussitôt accepté !
Franck n’est pas seulement mon compagnon de voyage, il est surtout la personne avec laquelle je partage ma vie depuis déjà plus de huit ans. Nous nous sommes rencontrés par l’intermédiaire d’un ami, qui, lui aussi a le goût de l’aventure. Franck est mordu de voyage, avant d’entamer ses études d’ingénieur en informatique il a vécu trois mois au Canada et une année aux Etats-Unis dans le cadre de programme d’échanges. Vous imaginez bien qu’il n’a pas vraiment hésité quand je lui ai proposé de partir en PVT en Nouvelle-Zélande !
Pourquoi avoir choisi la Terre du Milieu pour votre PVT ?
L’idée était de partir dans un pays anglophone pour améliorer mon anglais. Nous avons évincé le Canada car nous y connaissons déjà du monde, et pour notre première expérience en PVT, nous voulions vivre notre propre aventure sans opter pour la facilité. Ensuite, le choix n’était pas facile entre l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Finalement la taille du pays a fait pencher la balance : c’est quand même plus facile de voyager dans un pays qui ne fait pas la taille d’un continent !
Comment voyagez-vous et depuis combien de temps ?
L’option van a directement été éliminée car nous savions que nous ne souhaitions pas dormir dans notre véhicule. Nous avons alors acheté une voiture break de façon à pouvoir dormir dedans de temps en temps et à pouvoir y faire entrer nos affaires ainsi que le fauteuil roulant.
Une semaine après notre arrivée en Nouvelle-Zélande, fin juin, nous avions trouvé notre bonheur : vite fait, bien fait ! Nous sommes directement partis pour une semaine de road trip dans le Northland puis nous avons vadrouillé à travers toute l’Île du Nord pendant trois mois, en allant d’HelpX en HelpX, avant de nous établir à Wellington. Depuis, nous avons quand même gardé la voiture car nous allons régulièrement en road trip sur l’Île du Sud.
Quelles sont tes expériences en HelpX ? Est-ce compliqué de trouver du HelpX du fait de ton handicap ?
En m’inscrivant sur le site HelpX, je craignais de ne pas trouver d’hôtes à cause de mon handicap mais j’ai été très agréablement surprise. Moins de 10 minutes après avoir créé mon compte je recevais une demande d’une famille située près de Whakatane ! C’était si rapide et cette hôte, Anne était tellement chaleureuse que j’en étais suspicieuse… Finalement, tout c’est parfaitement déroulé. C’était deux superbes semaines et avant notre arrivée Anne avait fait installer une rampe d’appui sur les escaliers extérieurs pour que je puisse rentrer plus facilement dans la maison.
Nos autres expériences en HelpX se sont également très bien passées. Toutes les demandes que nous avons faites ont été acceptées et nous avons à chaque fois été très bien reçus. J’ai adoré passer du temps dans ces familles et découvrir autant de modes de vie différents ! Nous sommes toujours en contact avec la plupart des familles et nous sommes retournés voir celles qui vivent à proximité de Wellington.
Concernant le travail, les hôtes m’ont toujours proposés des tâches adaptées à mon handicap et ils m’ont très souvent laissé le choix concernant mon travail avec toujours un siège à disposition. Grâce à cette extrême bienveillance j’ai effectué les tâches suivantes : cuisine, repassage, jardinage, nourrir des veaux, s’occuper des enfants, cirer des meubles… Lors de notre dernier HelpX nous avons même aidé à soigner un jeune agneau qui avait une patte cassée.
Peux-tu nous raconter l’échange de ton fauteuil pour un cheval ? Une expérience apparemment inédite pour toi …
J’ai toujours eu envie d’essayer de monter à cheval. Cette idée m’a souvent traversé l’esprit mais en parallèle que ma maladie progressait l’idée de trotter s’est évaporée. Je ne pensais plus en être capable !
C’est grâce à Anne, notre première hôte HelpX, passionnée d’équitation elle m’a très rapidement demandé si j’étais intéressée pour essayer. Elle m’a expliqué qu’elle ne comprenait pas pourquoi je n’y arriverais pas. Elle connaît une personne, Lorraine, qui travaille dans un centre équestre et qui a l’habitude d’apprendre à faire monter des personnes handicapées. Ça n’est pas tombé dans l’oreille d’une sourde ! Dès le lendemain j’étais au côté de Lorraine, qui a pris le temps de me rassurer et de m’expliquer comment la séance allait se dérouler.
Au début j’étais impressionnée et un peu stressée, j’avais surtout peur de ne pas tenir en équilibre et que mon corps se contracte. J’ai ensuite pris confiance et je n’ai pas vu passer les 45 minutes de balade s’écouler. Cette initiation m’a permis de retrouver un peu plus confiance en moi et mes capacités face à mon handicap mais également je me suis rendue compte que nous sommes très souvent notre propre limite.
Comment est l’accessibilité en Nouvelle-Zélande ?
J’ai l’impression que la Nouvelle-Zélande fournit plus d’efforts que la France concernant ce point. Les entrées des commerces et des bâtiments publics me paraissent très souvent à niveau et lorsque ce n’est pas le cas, il n’est pas rare de trouver à son entrée un numéro de téléphone à joindre. Il ne faut pas hésiter à les appeler : une personne viendra pour vous mener à une entrée alternative se trouvant dans une autre rue ou à défaut, essaiera de vous aider.
La voirie est généralement en bonne état et les trottoirs sont accessibles quasiment tout le temps. Les bus sont équipés de rampes dépliables pour permettre aux fauteuils roulants d’y monter et il y a un emplacement réservé pour ceux-ci, comme en France.
L’état néo-zélandais à également mis en place de nombreux programmes dans divers domaines pour permettre aux personnes en situation de handicap de mener leurs vies le plus naturellement possible et de bénéficier d’une bonne insertion dans la société. Au niveau professionnel par exemple il y a le Mainstream Program pour aider à l’insertion professionnelle des personnes handicapées. Ce programme permet à l’employeur d’obtenir des subventions et des formations peuvent être prodigués pour l’employé et son manager. Mais pour bénéficier de ces aides il y a de nombreuses conditions. Il faut notamment être citoyen ou résident néo-zélandais ce qui exclu donc les PVTistes. Il y a également des cabinets de recrutement spécialisés comme workbridge.
Du point de vue des loisirs, il existe de nombreux clubs de sports adaptés. Il y a par exemple des clubs de voiles adaptés à New Plymouth et à Wellington. Il y a aussi des associations nationales de sports adaptés. Je pense notamment à « Adaptive Surfing New Zealand » pour la pratique du surf et « New Zealand Riding for the disabled » qui permet à n’importe quelle personne en situation de handicape physique ou mental de profiter des joies de l’équitation en toute sécurité, voire même d’en tirer des bienfaits thérapeutiques grâce à à la pratique de l’équithérapie.
Le plus dur finalement c’est d’affronter le relief néo-zélandais. Du fait de la présence de nombreux volcans et des massifs montagneux, il y a énormément de montés et de descentes très raides qu’il est difficile voire impossible d’affronter seul en fauteuil roulant manuel. J’ai aussi remarqué qu’il y a souvent quelques marches à l’entrée des maisons.
Quel est ton endroit favori en Nouvelle-Zélande ?
Je n’ai pas encore tout vu mais pour le moment j’ai adoré Taupo dans l’Ile du Nord et Wanaka dans l’Ile du Sud. Ces deux villes se situent en bord de très grands lacs et offrent des vues imprenables sur le parc national du Tongariro pour Taupo et sur le Mount Aspiring pour Wanaka. J’ai également beaucoup aimé ces deux villes car elles sont plus calmes que leurs célèbres voisines, Rotorua et Queenstown.
As-tu des anecdotes à nous faire partager ?
Il y en a tellement depuis cinq mois… Mais deux d’entre eux m’ont marqué à jamais :
- Lorsque j’ai skié pour la première fois de ma vie au Mont Ruapehu. J’ai appris à faire du sit-ski. Deux jours de purs bonheurs, je me suis sentie incroyablement libre et heureuse. Et maintenant je vais pouvoir partager ces moments magiques avec Franck sur les pistes, un souhait qui lui tenait à cœur depuis longtemps.
- Nous avons aperçu des dauphins sauter dans l’océan à seulement quelques mètres de nous à Manghawai Heads. Nous ne nous y attendions pas du tout! On ne savait pas qu’il y en avait à cet endroit. Nous avons eu la chance de réitérer l’expérience lors de notre traversée entre Picton et Wellington. Ces moments sont précieux, leur caractère inattendu les rends vraiment magiques.
De manière générale, vivre cette année en Nouvelle-Zélande me fait un bien fou. Je me redécouvre à travers toutes les expériences et les rencontres que nous avons faites, notamment en HelpX. Cela me permet de réfléchir à qui je suis vraiment et d’établir les nouvelles bases d’une nouvelle vie qui me correspond mieux, qui me ressemble.
Tu tiens un blog « I Wheel Travel » peux-tu nous en parler ?
Après avoir décidé de partir en PVT en Nouvelle-Zélande, j’ai commencé à chercher des informations sur l’accessibilité que ce soit pour le quotidien, pour les sorties dans la nature ou dans le cadre d’activités touristiques. Je m’apprêtais à vivre un an dans le pays des randonnées alors j’espérais bien pouvoir en faire quelques-unes malgré mon handicap !
J’ai vite constaté le vide sur le web pour trouver des informations. Les renseignements sont rares et lorsqu’on en trouve le contenu, c’est très souvent en anglais. De plus, ces informations sont souvent éditées par des personnes n’étant pas en situation de handicap, certaines difficultés ne sont donc pas mises en avant.
L’idée d’écrire un blog était alors une évidence. J’ai donc créé « I Wheel Travel« . L’idée est d’y partager ma passion du voyage et la possibilité d’explorer la beauté du monde malgré un handicap. Tout cela au travers de photographies et de vidéos. L’accent est mis sur les balades, la nature, les paysages, les rencontres et les activités que j’ai testé et qu’il est possible de pratiquer.
Vous trouverez donc sur ce blog ainsi que sur Facebook, Twitter et Instagram de nombreuses informations sur les sujets que nous avons précédemment évoqués et sur bien d’autres. L’idée est simple, OSER, oser partir voyager malgré un handicap. Je souhaite montrer que c’est possible !
Des trucs et astuces pour des futurs handi-voyageurs qui souhaitent avoir la même expérience que toi ?
- Faites du HelpX et du couchsurfinf. L’immersion est le meilleur moyen de découvrir comment vivent réellement les kiwis et de sortir des sentiers touristiques.
- Renseignez-vous aux I-Site (offices de tourisme) et dans les bureaux du Department of Conservation (DOC). La plupart du temps ils sauront vous informer sur l’accessibilité des lieux.
- Demandez une carte de stationnement néo-zélandaise pour personne handicapée. Vous pouvez contacter pour l’obtenir le CCS Disability Action. Vous devrez payer 35$ et leur apporter la preuve de votre « état ». Me concernant, une copie de ma carte de stationnement française a suffit.
- Lisez ces sites internet incontournables (en anglais) pour les questions d’accessibilité en Nouvelle-Zélande : http://www.oysternz.co.nz/ et http://www.beaccessible.org.nz.
- Surtout, ne vous découragez pas si vous rencontrez des difficultés. Le jeu en vaut vraiment la chandelle, de très nombreux moments de bonheur, de découverte et de liberté vous attendent.
Un témoignage recueilli par Frogs, le spécialiste du PVT en Nouvelle-Zélande ! Profitez de notre expertise et de nos nombreux services :
- L’assurance santé est indispensable pour un PVT
- Opter pour une assurance auto immédiate, la préférée des backpackers
- Arriver serein en Nouvelle-Zélande grâce à l’indispensable Starter Pack