Histoire du rugby et des All Blacks de Nouvelle-Zélande

Jeu de contact, sport de combat collectif, tout de rudesse et d’élégance, le rugby et ses rites enflamment un monde, l’univers d’«ovalie», de plus en plus cosmopolite. Devenu professionnel depuis fin 1995, le rugby est en train de s’adapter aux critères planétaires du sport spectacle.

Les origines

Les origines du rugby, en tant que jeu de balle, se confondent avec celles du football, et ce jusqu’à la fin du 18e siècle. Dans la Grèce Antique, un jeu sur terrain délimité permet de courir avec la balle ou de la lancer vers le but. Il est également possible de tenter de s’approprier le ballon par des combats aux règles strictes. La soulte française, appelée « football » en Angleterre, reprend quelques caractéristiques de cet ancien jeu. Ce sont les collèges anglais qui les premiers définissent un certain nombre de règles, mais celles-ci varient d’un établissement à l’autre.

Les origines du rugby

En 1823 au cours d’une partie, William Webb Ellis , élève du collège de Rugby, au nord-est de Londres, aurait transgressé la règle du football en courant vers le but adverse avec le ballon dans les mains. Dès lors, le rugby se distingue du football, et se développe rapidement dans les collèges et les universités : Marlborough, Oxford, Cambridge…
Image : la Nouvelle-Zélande contre l’Angleterre en 1900

Les premières codifications

Ce jeu est codifié dès 1846 et la Rugby Football Union créée en 1871 avec l’affiliation de 21 clubs londoniens. En 1890, l’International Rugby Football Board devient l’instance suprême de ce sport ; son rôle est d’établir les règles, de juger les litiges et d’organiser et contrôler les compétitions internationales. Le premier match international se déroule le 27 mars 1871 : il oppose l’Ecosse à l’Angleterre et voit la victoire des Ecossais à domicile. Le jeu prend ses formes modernes dès 1914 et les règles n’évolueront ensuite que pour donner plus d’ampleur aux mouvements du ballon.

Le rugby dans le monde

Ce sont les colons anglais qui, une nouvelle fois, se font les ambassadeurs du rugby dans le monde, et plus particulièrement dans l’hémisphère Sud. Dès 1872, les Néo-Zélandais forment des équipes constituées de Pakehas (Européens) et de Maoris. Leur tenue noire leur vaut le surnom d’«All Blacks». Ils deviennent vite les meilleurs joueurs au monde avec un style très physique et collectif soutenu par une force mentale à laquelle ils font appel avant le début d’un match lors d’une cérémonie où ils lancent leur impressionnant cri de combat, le Haka. Wilson Whineray, Brian Lochore, Ian Kirkpatrick, Colin Meads, Jonah Lomu et Graham Mourie sont devenus des figures de légende du rugby international.

Ce sport se développe également assez tôt, bien que plus discrètement, en Australie, où il est concurrencé par le rugby à treize, professionnel. Pourtant les joueurs australiens, les «Wallabies», avec Mark Ella, Michael Lynagh, Nick Farr-Jones et David Campese figurent au début des années 1990 parmi les meilleurs grâce à leur jeu caractérisé par la vivacité d’exécution.

Le rugby en Afrique du Sud s’étend dans les universités et au sein des familles allemandes, hollandaises et françaises, mais la politique d’apartheid appliquée dans ce pays a pour conséquence d’isoler ses sportifs, les «Springboks», et de les priver de rencontres internationales. Des joueurs comme Frik du Preez, Danie Gerber ou Naas Botha ne connaissent pas la carrière internationale que leur talent aurait mérité. Joost van der Westhuizen et l’ailier métis Chester Williams sont les grands joueurs sud-africains de cette fin de siècle.

Les premiers clubs de rugby argentins sont fondés en 1880, grâce à l’influence des cadres britanniques implantés dans le pays. Les «Pumas» forment une équipe solide. Hugo Porta reste le joueur emblématique du rugby argentin. Introduit par les missionnaires anglais à la fin du XIXe siècle, le rugby se développe également dans les îles du Pacifique (Fidji, Samoa occidentales, Tonga) jusqu’à devenir sport national. Le Fidjien Waisale Serevi est considéré comme le meilleur joueur de rugby à sept de tous les temps.


Les All Blacks, équipe de légende

Les maillots noirs parés d’une fougère argentée ont acquis une réputation mondiale. Le choix du noir comme couleur, l’adoption d’une cérémonie guerrière en début de match et un talent indéniable ont forgés le mythe des hommes en noir.

Rétrospective

  • 1903 : premier match international contre l’Australie et victoire haut la main des All Blacks (22 à 3).
  • 1905-1906 : première tournée européenne qui permet de voir des joueurs maîtrisant parfaitement ce sport difficile. Ils ne connaissent alors qu’une seule défaite face au Pays de Galles, au terme d’une rencontre de légende dont on parle toujours en Nouvelle-Zélande ! Les Blacks assurent avoir marqué l’essai qui leur fut refusé et qui leur aurait donné la victoire. Dès lors, un succès sur les Blacks constitue un exploit de légende.
  • 1924-1925 : tournée internationale. Les vigoureux All Blacks excellent dans la conquête du ballon. Les leçons qu’ils donnent lors de ce tour du monde sont étincelantes : 30 matchs, 30 victoires.

Le blason

La fougère, dont on recense pas moins de 180 variétés sur le sol néo-zélandais, est l’emblème des All Blacks. Il est le deuxième symbole du pays avec le kiwi (l’oiseau et non le fruit), qui orne quant à lui le maillot des treizistes (rugby à 13, autre forme du jeu).

L’hymne

Adopté en 1940, « God defend New Zealand » est l’hymne néo-zélandais. Il existe en deux versions, en anglais et en maori. Les paroles sont de Thomas Brecken (1875) et la musique de John Woods (1878). L’hymne est suivi de la célèbre dans de guerre maorie : le « haka ». (voir article sur le sujet)

La tenue

Après avoir été équipé par la société néo-zélandaise Canterbury depuis les années 20, le quinze de Nouvelle-Zélande est aujourd’hui parrainé par Adidas, avec un contrat record de 280 millions de francs sur cinq ans. Les All Blacks n’ont jamais aussi bien porté leur nom qu’avec cette nouvelle tunique puisque le col blanc a disparu pour ne laisser qu’un demi-col noir.

Les fans vous rappelleront que les All Blacks portent la couleur qui sied au deuil de leurs adversaires…


Comment ça se joue ?

Les règles du jeu

Il s’agit pour l’une des deux équipes, de quinze joueurs, de marquer plus de points que l’autre en portant le ballon dans l’en-but adverse ou en le faisant passer entre les poteaux de but au-dessus d’une barre transversale. Le ballon, de forme ovale – ce qui rend ses rebonds imprévisibles – peut être joué aussi bien avec les mains qu’avec les pieds pour être porté, passé ou botté.

Le terrain

Le rugby se joue sur un terrain rectangulaire, le champ du jeu, de 95 à 100 m de long sur 66 à 69 m de large, dont les limites sont marquées par des lignes blanches (ne faisant pas partie de la surface de jeu) et qui sont dites de touche pour la longueur et de but pour la largeur ; à 22 m derrière la ligne de but et parallèlement à celle-ci, une ligne dite de ballon mort est tracée, qui délimite l’en-but.

À l’intérieur du champ de jeu, toujours parallèlement à la ligne de but, sont marquées : en trait plein, la ligne du milieu et celles des 22 m (distance mesurée à partir de la ligne de but) ; en trait pointillé, celles des 10 m (de part et d’autre de la ligne médiane). Parallèlement aux lignes de touche sont marquées, également en pointillé, les lignes des 5 m.

Les buts

Situés au milieu de la ligne de but, les buts sont constitués de deux poteaux verticaux hauts de 10 à 11 m, éloignés l’un de l’autre de 5,65 m et reliés par une barre transversale située à 3 m du sol, délimitant ainsi le plan vertical que le ballon doit traverser lors des coups de pied.

Le ballon

C’est un ovale formé de quatre panneaux de cuir ou de matière synthétique; il doit mesurer de 28 à 30 cm dans son grand axe, avoir un grand périmètre de 78 à 79 cm et un petit de 58 à 62 cm, et peser entre 400 et 440 g.

L’équipe

Chaque équipe comprend au maximum quinze joueurs: huit avants – une première ligne composée de deux piliers (1 et 3) et un talonneur (2), deux deuxièmes lignes (4 et 5), deux troisièmes lignes aile (6 et 7) et un troisième ligne centre (8) -, un demi de mêlée (9), un demi d’ouverture (10), quatre trois-quarts – deux centres (12 et 13) et deux ailiers (11 et 14) – et un arrière (15).

Chaque équipe a droit à six remplaçants, dont obligatoirement deux joueurs de la première ligne. De plus, en cas de blessure légère mais ouverte, le remplacement peut être temporaire : le joueur qui saigne a dix minutes pour se faire panser hors du terrain.

La durée du jeu

Une partie dure 80 minutes, réparties en deux périodes de 40 minutes séparées par un repos de 5 à 15 minutes à l’issue duquel les équipes changent de camp. L’arbitre peut ajouter au temps réglementaire de chaque période les arrêts de jeu. Pour certains matchs, lorsqu’il y a égalité de points à l’issue du temps réglementaire, des prolongations de deux fois 15 minutes sont jouées, sans repos intermédiaire.

L’arbitrage

Les parties sont dirigées par un arbitre qui veille au respect des règles et de l’esprit du jeu ; ses décisions sont sans appel. Il est assisté de deux juges de touche qui, munis d’un petit drapeau, signalent les sorties en touche des joueurs ou du ballon, le passage ou non du ballon entre les poteaux lors des tentatives de but, les actes d’antijeu ou de brutalité.

Le score

Lorsque le ballon est aplati de la main ou par le haut du corps dans l’en-but de l’adversaire, un essai est marqué: il vaut cinq points. L’équipe qui a marqué l’essai bénéficie alors d’un coup de pied dit de transformation: il vaut deux points si le ballon passe entre les poteaux au-dessus de la barre transversale, le coup de pied s’effectuant sur une ligne perpendiculaire à la ligne de but et passant par le point où l’essai a été marqué. Si un joueur réalise une transformation à la suite d’un coup de pied tombé, ou drop-goal, c’est-à-dire s’il le frappe après un rebond au sol ou lorsque l’arbitre accorde un coup de pied de pénalité pour antijeu ou toute autre faute, le but vaut trois points.

Le coup d’envoi

Il s’agit d’un coup de pied donné depuis le centre du terrain – au début de chaque mi-temps, ou après qu’une équipe a marqué des points – qui doit envoyer le ballon derrière la ligne des 10 m, là où se trouve l’équipe adverse. Si le ballon n’atteint pas cette ligne ou s’il sort directement en touche, l’adversaire a le choix entre une mêlée au centre du terrain et un renvoi à son avantage. Si la balle sort de la ligne de ballon mort ou si elle est aplatie dans l’en-but par un défenseur, un coup de pied de renvoi a lieu aux 22 m. Lorsqu’un joueur réceptionne dans ses 22 m ou dans son en-but le ballon venant d’un coup de pied adverse, et qu’il crie «marque!», il remet le ballon en jeu par un coup de pied franc.

La remise en touche

À la suite d’une sortie en touche, l’équipe qui bénéficie de la remise en jeu fixe le nombre d’avants (deux à huit) ; ainsi, selon leur longueur, les touches sont dites longues, mi-longues, réduites ou courtes. Un rugbyman de l’équipe non responsable de la sortie du ballon se tient à l’extérieur du terrain et lance le ballon perpendiculairement à la ligne de touche. Dès que la balle est lancée, les joueurs des deux équipes peuvent s’en emparer. Ils ne doivent pas s’appuyer sur l’adversaire mais peuvent être soulevés par leurs partenaires.

La mêlée

Elle est ouverte lorsqu’elle se forme dans une phase du jeu, sur l’initiative des joueurs ; fermée lorsqu’elle est ordonnée par l’arbitre à la suite d’une faute ou quand la balle est injouable. Elle est constituée par les huit avants de chaque équipe, liés entre eux, avec une première ligne constituée obligatoirement de trois joueurs en contact avec les adversaires et formant une sorte de tunnel dans lequel le ballon sera lancé. Lorsque la mêlée est formée, le ballon est introduit par le demi de mêlée de l’équipe qui en bénéficie puis il est «talonné» par les avants pour être récupéré par le demi de mêlée ou le troisième ligne centre. La mêlée ne doit être ni écroulée, ni tournée, ni disloquée, sous peine de sanction.

Les fautes

Un joueur ne doit jamais participer au jeu s’il est devant le ballon, que celui-ci ait été botté, porté, touché par un joueur de son équipe. Si un joueur hors jeu intervient ou approche à moins de 10 m d’un adversaire qui attend le ballon, il est sanctionné. De même, sur mêlées ouvertes ou fermées, il y a hors-jeu lorsqu’un défenseur dépasse le ballon ou la ligne de hors-jeu.

Il y a en-avant lorsque le ballon se trouve devant un joueur qui l’a mal contrôlé, mais aussi lorsque le porteur du ballon le passe à un partenaire situé en avant de lui: dans les deux cas, l’arbitre ordonne une mêlée. Il est interdit de charger et de plaquer un adversaire sans ballon, de lui porter une «cravate» (bras tendu en travers de la gorge), de pratiquer un jeu dangereux, de retarder volontairement le jeu. Dans tous ces cas, l’arbitre siffle des sanctions plus ou moins graves: coup de pied de pénalité, coup de pied franc, avertissement, voire expulsion d’un joueur.

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