
Long week-end à Wellington
C’est avec une joie teintée de nostalgie que Sébastien s’est rendu à Wellington en ce début décembre. Il y avait passé 5 mois en 2003 avec Carole et une équipe Frogs naissante, lorsque commençait l’écriture du deuxième guide de voyage des Frogs. Une époque magique et angoissante tout à la fois, incertains qu’ils étaient d’arriver au bout de ce grand projet.
Plus de 10 ans se sont écoulés depuis mon premier passage. Les Frogs ont fait un grand bout de chemin, mais la ville de Wellington n’a finalement pas tellement changé. La « petite capitale la plus cool au monde » comme la décrit Lonely Planet reste semble-t-il à l’écart du développement que connait Auckland. Elle semble gardienne de l’âme de la Nouvelle-Zélande éternelle, humble, un peu rétro, créative et si humaine : une sorte de petite sœur un peu négligée avec ses trottoirs rapiécés et ses immeubles non ravalés. Mais derrière cette apparence sans lustre bat un cœur bien vivant, concentré entre Lambton Quay, Cuba Street et Courtney Place. Et de plus, ici, on peut tout faire à pied, ce qui fait bien plaisir à l’Aucklander que je suis devenu.
Les joies du climat
Le voyageur est tenté de ne s’y arrêter que quelques heures, en transit de son ferry entre le nord et le sud. C’est passer à côté de bons moments authentiques. Avec ma compagne, ce week-end là, nous y venons par les airs. Dès la sortie de l’aéroport, après avoir salué l’immense Gollum qui pend du plafond de la salle, on est accueilli par le compagnon fidèle de la ville, le vent. Ce démon espiègle jouera à cache-cache avec nous tout au long du week-end, et nous surprendra invariablement au coin des rues. C’est la punition de la nature aux hommes, butés qu’ils furent à vouloir s’installer au creux de cet immense entonnoir formé par les deux iles ou s’engouffrent les quarantièmes rugissants !
Rencontre avec les dinosaures
Tout visiteur à Wellington se doit de faire son pèlerinage à Weta Workshop (pour les fans de Hobbits) ou à Te Papa (pour les autres !). Le musée Te Papa reste un incontournable, et sa visite est toujours riche en découverte. Celui qui y vient pour la première fois y verra des expositions permanentes très interactives, qui racontent avec force mises en scène, vidéos, animations 3D et jeux, l’histoire naturelle et l’histoire humaine du pays. Sur plusieurs niveaux, on déambule dans la NZ pré européenne, dans celle du 19ème et enfin dans les époques récentes, où les dernières guerres et le développement d’une identité propre sont mis à l’honneur.
Pour celui qui a déjà fait la visite du fond permanent plusieurs fois, comme nous, il reste malgré tout toujours à voir ; le 3eme étage réserve jusqu’au 8 février une splendide exposition permanente sur les dinosaures (et plus particulièrement les Tyrannosaures). De multiples squelettes, reconstitutions à taille réelle et animations vidéo rendent la visite passionnante. On y apprend notamment que si l’existence de cette sous-espèce était révélée partout dans le monde, ce n’est que dans les années 60 que l’on découvre des fossiles confirmant leur présence en Nouvelle-Zélande. A partir du 20 décembre, le musée proposera une exposition supplémentaire sur l’histoire d’Air New Zealand. Enfin, le 4eme et le 5eme étage permettent aux amateurs d’art contemporain de s’initier aux œuvres d’artistes néo-zélandais réputés, sculpteurs, potiers, peintres, etc.
La nature en pleine cité
Dans l’après-midi, une navette gratuite nous emmène du centre d’information (I-Site) en centre-ville à Zealandia, une réserve naturelle de 225 hectares située en proche périphérie de la ville. Ceinte d’une barrière contre les prédateurs, le site héberge un centre de préservation des espèces endémiques de Nouvelle-Zélande. Un grand centre d’information flambant neuf occupe l’entrée et propose une excellente exposition interactive sur la faune et la flore native, dans une savante pénombre peuplée de cris d’oiseaux. Le clou, une vidéo sur grand écran réalisée par Weta Workshop (les animateurs 3D du Hobbit et Avatar) raconte l’évolution de la nature néo-zélandaise avec l’arrivée des colons polynésiens puis européens.
Apres ce passage obligé et le règlement des frais d’entrée (17,50$ adulte et 9$ enfant), carte en main, vous êtes libre de déambuler sur les sentiers de cette vallée encaissée qui bruisse de cris d’oiseaux. Toutes sortes de boucles permettent d’y faire une courte visite ou d’y passer la journée. Tout au long du parcours, sont disposés des arrêts informatifs et interactifs ; stations aux cris d’oiseaux, weta ‘Motels’ (troncs que l’on peut ouvrir pour voir ces grandes sauterelles natives), mangeoires à oiseaux, etc. Avec un peu de chance, on peut voir plusieurs des espèces les plus spectaculaires comme le Kaka (perroquet), le Tuatara (lézard au doux surnom de ‘dinosaure vivant’) ou le Takahe. Nous aurons notamment la chance d’assister au déjeuner d’un groupe de kaka (voir la vidéo). Au retour vers la ville, nous décidons de rejoindre la gare haute du ‘Cable Car’, sorte de téléphérique qui relie les hauteurs au cœur de la ville. Il faut compter 20 minutes de marche pour cela via le petit quartier de Kelburn, niché dans ce labyrinthe de vallées aux maisons suspendues. La gare du Cable Car offre une vue superbe sur la baie et le centre-ville. Elle occupe aussi l’entrée du Botanic Garden. Nous nous rendons compte alors qu’il est préférable de faire d’abord la visite du Botanic Garden avant de partir sur Zealandia (et revenir en ville en navette gratuite). Ainsi, en une journée bien remplie, vous pouvez combiner Cable Car, visite du Botanic Garden et Zealandia. Attention, il faut aimer marcher ! En petite parenthèse à ce périple, vous pouvez vous rendre à l’observatoire qui trône tout proche de l’entrée du parc. Ici aussi une exposition moderne, interactive et gratuite, raconte la création de la terre et la conquête de l’espace. Un petit planétarium projette un film différent chaque heure sur des sujets liés à l’espace (17$). Pratique en plan B, s’il pleut !
Une vie nocturne singulière
En ce vendredi soir, en quête d’une bonne bière et d’un repas pas trop cher, nous voici de nouveaux en direction de notre rue favorite, Cuba Street. Nous sommes accueillis par une ambiance du tonnerre ! Des groupes de musique se sont partagés la rue et font tourbillonner une dizaine de couples. Le spectacle est irréel et nous met immédiatement d’excellente humeur. Un peu plus haut dans la rue, nous découvrons serrés dans une ruelle improbable les étals de bric-à-brac et les stands culinaires du marché du soir. Négociant notre passage dans cette foule bigarrée, on se laisse ensorceler au son des musiciens de rue et des fortes odeurs de cuisine du monde proposées pour des prix dérisoires. Nous nous installons sur des marches devant un musicien canadien tout en nous régalant d’un délicieux Mie Goreng. Décidemment, le vendredi soir, la ville se transforme littéralement en une grande aire de jeux pour fêtards, musique et rires explosant de tous les bars ouverts sur la rue dans le triangle Cuba, Waterfront et Courtnay Place.
Joies du shopping et découvertes culinaires
Samedi matin, shopping au programme. Le “preloved », le vêtement seconde main, est une des spécialités underground de la ville. Cuba Street et les rues qui la traversent foisonnent de boutiques de la spécialité. Venant d’Europe, on s’imagine de vieilles fripes vendues dans des boutiques louches. Mais ici aux antipodes, ce commerce a acquis ses lettres de noblesse. La majorité des boutiques sont modernes, propres et sélectives dans leur offre. Comme les autochtones, on prend alors grand plaisir à dénicher des vêtements de marques souvent quasi neufs a des prix défiant toute concurrence. Le fan des années 30, 60, 70 ou 80 trouvera même des boutiques dédiées à son culte !
Pour se restaurer en journée, on trouve autour de Cuba St un grand nombre de cafés et restaurants à l’atmosphère bohème et au café délicieux. Notre préféré, comme celui de pas mal de locaux, reste Fidel’s en haut de la rue pour ses salles et ses terrasses a la déco éclectique. Comme son nom l’indique, on fait ici le culte des grands révolutionnaires sud-américains tout en servant un excellent café et de délicieux snacks. On peut même y boire une bière au soir tout en fumant une cigarette ou un havane bien mérité. Pour manger un excellent burger maison, assis sur des sièges de récup’ face à la rue, choisissez les roulottes d’Ekim en face. Pour une expérience plus raffinée sans se ruiner, Floriditas offre un service et un cadre très agréable. Mais vous élirez probablement le vôtre parmi la sélection que nous proposons dans le guide Frogs version app !
Au soir, si la tournée des bars n’est pas votre tasse de thé, la ville abrite de nombreux théâtres et salles de spectacles. Probablement la plus grande concentration au monde. Rien de mieux pour s’intégrer aux locaux, humer l’atmosphère, que d’aller voir une représentation, un spectacle ou un concert. Nous aurons la chance ce soir-là de voir le célèbre spectacle de la Spiegel Tent, « Empire », qui mélange le cabaret avec les arts du cirque. Et ce sera notre jour de veine, surclassés par hasard au premier rang, les artistes seront quasiment sur nos genoux ! (et littéralement, les premiers rangs participent activement au spectacle ; karen rie encore des joutes de morceaux de banane à laquelle j’ai dû participer…)
Pour diner, outre les vendeurs ambulants des marchés de week-end qui peuvent être excellents, nous nous étions mis en tête de découvrir d’autres adresses pour le guide. Le restaurant Mexico et El Matador nous aurons déçus, pas de chance de ce côté-là, mais bonne surprise par contre avec Kazu, un restaurant japonais très authentique (et économique) à l’étage d’un petit immeuble de Courtnay et Afrika, sur Cambridge Terrasse, qui propose des plats succulents de plusieurs traditions africaines. Pour 25$ par tête, vous pouvez même demander un medley de tous les plats de la carte !
Pour finir ce week-end, et à la veille d’une nouvelle année, un clin d’œil. En effet, 2015 sera spécial pour la ville puisque le duc qui lui a donné son nom aura défait Napoléon il y a 200 ans pile ! Allez donc célébrer Waterloo, la victoire de nos vieux ennemis, en ami dans leur plus lointaine colonie…
Sébastien Michel
Fondateur de l’agence francophone locale Frogs
ça donne vraiment envie d’y aller voir de plus près …
les photos sont superbes,
Bises du Papé